Monsieur le ministre, durant les premières auditions de la commission d’enquête parlementaire sur les attaques terroristes de Zaventem et de Maelbeek, il a été abondamment question des problèmes de communication, notamment au niveau des services de secours et des autorités, suite à la surcharge des réseaux ASTRID et Proximus.

Plusieurs pistes ont été évoquées pour éviter de telles surcharges à l’avenir et l’une d’entre elles a retenu toute l’attention de mon groupe: l’ouverture des réseaux, autrement dit le roaming à l’échelle nationale.
Cette option consiste en la possibilité pour tous les téléphones de se connecter à toutes les antennes gsm à proximité, quel que soit l’opérateur qui les possède. Vous savez probablement que ce système est déjà en place aux Pays-Bas, aux États-Unis ou encore en Suède, avec des variantes opérationnelles.

En Belgique aussi, ce système fait partie des plans de crise mais est actuellement prévu en bout de chaîne, comme ultime ressort en cas de catastrophe ou d’urgence, alors que certains songent plutôt à l’instaurer comme point de départ en cas de crise.

L’objectif serait de répartir l’effort entre tous les opérateurs, dès le départ, pour limiter la congestion, surtout si le réseau de l’un des opérateurs faiblit sous la pression, comme cela a été le cas le 22 mars dernier. Le risque serait alors que tous les réseaux, via ce roaming national, se congestionnent et que l’ensemble du système s’écroule. Pour éviter cela, par exemple comme cela a été fait en Suède, on peut imaginer établir une liste « VIP » des cartes sim seules autorisées à utiliser l’ouverture des réseaux.

Monsieur le ministre, soutenez-vous l’idée d’un tel roaming national qui pourrait être utilisé en priorité en cas d’urgence? Si oui, sous quelle forme? Avec une limitation à une certaine liste de cartes sim ou avec un autre fonctionnement?

Durant la commission d’enquête, l’IBPT nous a confirmé travailler avec les opérateurs sur cette thématique. Pourriez-vous nous dire où en sont les discussions et dans quel délai un rapport ou un plan concret ou une proposition sera disponible?

Alexander De Croo, ministre: Madame la présidente, cher collègue, le roaming national est seulement une solution dans le cas où un seul des réseaux mobiles est affecté, comme par exemple dans le cas d’une panne technique. En cas de congestion généralisée, ce n’est pas vraiment utile. En cas de congestion chez un opérateur durant une crise, cela risque de reporter la congestion sur les réseaux des autres opérateurs, surtout si la congestion est localisée sur certaines zones, par exemple lorsque se produit un effet domino.
Un roaming national limité à des numéros VIP pose le problème de la congestion opérationnelle de cette liste. L’IBPT et les secteurs ont identifié d’autres méthodes permettant de décongestionner les réseaux de manière préventive et d’accorder un service prioritaire à des numéros d’appel des personnes appelées à jouer un rôle primordial en cas de crise.

La mise en place d’un roaming national n’est pas simple techniquement et demande des investissements. Le rapport coût/bénéfice est un facteur important. L’IBPT examine toutes les solutions avec les opérateurs, chacune en fonction de leurs avantages et inconvénients.

Gilles Vanden Burre (Ecolo-Groen): Merci, monsieur le ministre, pour cette réponse bien plus courte que la précédente.

La présidente: Il respecte le Règlement, c’est bien.

Gilles Vanden Burre (Ecolo-Groen): C’est pour faire plaisir à la présidente. Je l’entends bien. J’entends aussi que vous n’êtes pas favorable à ce système et je prends note que nous n’allons pas avancer dans cette direction. J’aurais quand même aimé savoir d’autres choses. L’IBPT travaille sur d’autres méthodes, ce qui est tout à fait intéressant. J’aurais aimé disposer d’un calendrier plus précis.

Durant les auditions en commission d’enquête, le responsable de l’IBPT a quand même mentionné qu’il travaillait sur le roaming national. Je suis donc un peu surpris de votre réponse. Cela me  paraît peu clair. Je savais bien que vous n’alliez pas répondre mais je  pensais tout de même que votre réponse serait plus élaborée sur les  éléments en cours. Apparemment, rien n’est en cours; je suis surpris.

En tous cas, il n’y rien en cours au sujet du roaming national. C’est étonnant, parce que le responsable de l’IBPT a dit autre chose en commission d’enquête. J’y reviendrai.

La présidente : Cela devra figurer dans les recommandations, monsieur Vanden Burre.

Gilles Vanden Burre (Ecolo-Groen): Cela figure déjà dans les nôtres!

La présidente : De la commission d’enquête! Je voulais parler de cela.

Question posée en commission de l’Economie le 8 juin 2016.