Caloen Ariane, Publié le dimanche 04 juin 2017, Site de la Libre

Proposition de résolution des verts. Un outil financier « puissant » dans la lutte pour le climat.

Interdire à la banque Belfius ou à la SFPI (Société fédérale de participation) d’investir dans le charbon ou dans des productions de tabac ou d’armes nucléaires. Quatre députés fédéraux écologistes (Gilles Vanden Burre, Meyrem Almaci, Georges Gilkinet et Jean-Marc Nollet) ont rédigé une proposition de résolution concernant l’investissement de ces deux institutions publiques (détenues à 100 % par l’Etat fédéral) dans les énergies fossiles et les activités non éthiques.

S’ils ont pris cette initiative, c’est parce qu’ils constatent que « trop de banques continuent d’investir dans les énergies fossiles », agissant ainsi « en contradiction avec tous les engagements internationaux en matière climatique et malgré le risque d’instabilité financière engendré par de tels investissements ».

Des engagements internationaux qui, depuis la déclaration jeudi soir de Donald Trump de sortir les Etats-Unis de l’accord de Paris, sont de nouveau au centre de l’attention du monde entier. « Le désinvestissement fait partie des outils écologiques financiers puissants pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris« , souligne Gilles Vanden Burre.

A l’image du fonds norvégien

En avril 2017, Coalition Climat sortait une étude indiquant que les banques belges ont investi 40 milliards d’euros dans le secteur des énergies fossiles durant les deux dernières années. Ont été pointées du doigt : BNP Paribas, ING, KBC, mais également Belfius. Belfius, via son gestionnaire de patrimoine Candriam, aurait réalisé des placements pour 679 millions dans les énergies fossiles, rappellent les verts.

Comme l’indique le rapport de Coalition Climat, Belfius a toutefois l’ambition de ne plus accorder de nouveaux crédits en faveur des combustibles fossiles. Chez Belfius, on nous précise que l’encours du financement de la production énergétique concerne à plus de 99 % les énergies renouvelables. Pour ce qui est des crédits « historiques » ayant trait aux énergies non renouvelables, ils s’élèvent à 12 millions d’euros dont 9 millions seront remboursés fin 2017. Et de rappeler l’analyse de FairFin en mai 2016, dans laquelle Belfius est « citée comme la plus grande banque belge la moins engagée dans les énergies fossiles ».

Belfius déclare également appliquer une politique climatique pour ses activités d’assurance, qui s’inspirent de la politique du fonds souverain norvégien (765 milliards d’euros sous gestion), lequel établit une « black list » en collaboration avec le ministre des Finances et le Parlement norvégiens.

Démarche positive

La banque publique s’inscrit donc dans une « démarche positive », peut-on lire dans la proposition de résolution.

Reste à voir quelle sera la retombée de ce texte (dont la traduction en néerlandais doit encore être faite pour être formellement déposée). Va-t-il rester sans suite comme l’avait été la proposition de loi des verts déposée le 16 mars 2016, qui visait à instaurer un stress test CO2 pour les banques et à organiser le désinvestissement progressif par les banques dans le secteur des énergies fossiles ? Proposition qui n’a pas été soumise au vote vu l’accueil frileux de la majorité.

Gilles Vanden Burre se montre optimiste. « Cette résolution est plus concrète que la proposition de loi et n’est pas compliquée à mettre en œuvre. Plutôt que de pleurer la décision de Donald Trump, il vaut mieux mener des actions fortes », souligne le député Ecolo.