Gilles Vanden Burre :
Monsieur le ministre, la dernière séance plénière
m’a déjà donné l’occasion de vous interpeller
à propos de ces graves incidents du samedi
11 novembre à Bruxelles et de les condamner au
nom de mon groupe.
On vous a demandé le rapport de l’inspection
générale. Vous vous étiez engagé à le réclamer.
Nous l’avons reçu lundi soir. Mais de votre côté,
vous l’avez reçu vendredi et organisé dans la
foulée une conférence de presse sans consulter
les chefs de corps ni le collège de la ville de
Bruxelles. C’est étrange. Lancer des parties du
rapport sans consulter les premières personnes
concernées ne nous paraît pas responsable. Ce
n’est pas comme ça qu’on gère des incidents
d’une telle gravité. Vous n’avez fait que mettre de
l’huile sur le feu et pointer du doigt des personnes.
Conséquence: durant tout le week-end, chacun
s’est renvoyé la faute. La ville de Bruxelles
incrimine le fédéral, de votre côté, vous pointez du
doigt les autorités et l’organisation de la police de
Bruxelles. Ce n’est pas à la hauteur de l’enjeu de
la sécurité des Bruxelloises et des Bruxellois, et
plus largement, de la politique de sécurité de
l’ensemble des citoyens de ce pays. Nous
regrettons ce type d’escalade.
J’ai lu le rapport en détail. Des manquements sont
pointés à plusieurs niveaux: au niveau fédéral
comme à celui de l’organisation de la zone de
police Bruxelles-Ixelles. Ainsi, le rapport dit que la
réserve fédérale n’est pas suffisante même si elle
était sur place à 19h40. Quelles mesures vont
être prises pour renforcer cette réserve fédérale,
pour répondre aux demandes des zones de police
locale en cas de problème?
Ma deuxième question a trait à la position
d’information. Il est clairement établi dans le
rapport que la zone de police n’était pas préparée,
puisqu’elle n’avait pas reçu d’informations relatives
au match de football Côte d’Ivoire-Maroc du
samedi soir. Tout le monde était pourtant au
courant; il suffisait de naviguer sur internet pour
en être informé. Cet événement figurait-il sur les
radars de la police fédérale? Auquel cas, elle
aurait pu en parler à la police locale. Il est
vraiment étonnant que personne n’ai
t songé à élaborer un dispositif à cet effet. À de nombreuses
reprises, le rapport relève cette impréparation
consécutive à une ignorance de l’information.
Toujours dans ce rapport, il est mentionné
l’inexistence d’un plan d’action d’urgence en cas
d’émeutes. Or, par définition, ce phénomène est
spontané. Le SPF Intérieur a-t-il tracé des lignes
directrices à destination de la police fédérale?
Comment d’autres zones de police sensibles à de
potentielles émeutes organisent-elles de tels plans
d’urgence? Les conclusions du rapport désignent
ce problème comme l’un des principaux
manquements.
Ensuite, il est signalé que l’équipement de la zone
de police n’était pas suffisamment résistant face
aux projectiles envoyés en direction des policiers.
Qu’envisagez-vous pour le renforcer, non
seulement sur le plan local, mais également en
termes de soutien de la police fédérale?
Je vous poserai la même question à propos du
suivi des réseaux sociaux – un aspect
fondamental. C’est vrai pour les événements du
samedi soir, mais peut-être encore plus pour ceux
du mercredi soir. Le rapport pointe en effet
l’absence d’un suivi systématique des réseaux
sociaux. Les inspecteurs chargés de la rédaction
du document objectent cependant un manque de
capacité pour agir–tant en termes d’infrastructure
que de moyens informatiques et humains. Dès
lors, quelles mesures comptez-
vous prendre en partenariat avec la zone de police Bruxelles
-Ixelles afin d’y remédier et d’offrir un équipement
susceptible d’assurer une veille professionnelle
des réseaux sociaux? Nous savons bien que de nombreuses
manifestations–y compris spontanées –
s’organisent par ce biais. Il est donc
fondamental que vous apportiez des réponses
relativement aux investissements.
Enfin, le rapport indique que les policiers ne sont pas intervenus pour empêcher les actes de
vandalisme et le pillage de certains magasins,
notamment du côté de Lemonnier.
A-t-on davantage d’explications aujourd’hui?
Dans le rapport, cela reste un point d’interrogation.
Les inspecteurs eux-mêmes
s’interrogent.
Pourquoi des policiers en civil en provenance de
la zone Midi voisine et les policiers présents sur
place ne sont-ils pas intervenus? S’agit-il d’un
ordre reçu, visant à ne pas empêcher les pillages?
Je souhaiterais davantage d’éclaircissements.
Le rapport met en avant le fait que les policiers
présents sur le terrain avaient accompli
correctement leur travail. Il ne s’agit pas de pointer
du doigt l’un ou l’autre membre des forces de
police mais d’examiner les choses en termes
d’organisation structurelle, au niveau fédéral et au
niveau local, afin que ce type d’incidents graves
ne se reproduise jamais.
Vous trouverez la réponse du Ministre ici :