Monsieur le ministre, vendredi dernier, des négociations se sont en effet intensifiées au sujet du rachat de la poste néerlandaise par bpost.
Suite à ces rumeurs, vous avez déclaré dans la foulée, le même jour – j’ai presque envie de dire la main sur le cœur -, que « l’État belge est aujourd’hui l’actionnaire majoritaire et on n’a aucune intention de vendre nos parts ». Lundi dernier, on apprenait que, finalement, l’opération n’avait pas pu se faire et que si elle avait été faite, la participation de l’État serait descendue aux alentours de 38 %, faisant perdre de facto à l’État sa position majoritaire.
Monsieur le ministre, pourquoi vous acharnez-vous contre le statut public de bpost? Le rachat de la poste néerlandaise aurait pu avoir du sens d’un point de vue économique, c’est vrai. Mais pourquoi en profiter pour privatiser? Pourquoi mener ce combat idéologique avec tant de ferveur, comme nous le dénonçons depuis des mois? Est-ce la peur de voir le mot « entreprise » associé au mot « publique »? Ce serait vraiment dommage car, dans une démocratie moderne, nous devons pouvoir avoir des entreprises publiques performantes qui délivrent un service de qualité à nos concitoyens et en capacité aussi fournir de l’emploi durable.
D’ailleurs, monsieur le ministre, bpost est un des meilleurs exemples de cette réalité. C’estaujourd’hui une entreprise dont le taux de satisfaction de nos concitoyens a atteint les 88 % en 2014. C’est une entreprise qui permet aujourd’hui d’avoir des résultats financiers appréciables et qui a un climat social constructif. Pourquoi s’acharner à vouloir la privatiser?
Monsieur le ministre, j’aimerais dès lors vous interroger non seulement sur votre vision du statut public de bpost mais aussi par rapport aux négociations qui se sont déroulées ce week-end, pour que vous fassiez la clarté aujourd’hui devant le parlement. Quelles auraient été les conséquences du rachat de la poste néerlandaise sur l’emploi et sur les activités de bpost en Belgique? Par ailleurs, à quel niveau se serait située la participation de l’État belge dans bpost après l’opération? Confirmez-vous que cela aurait été en dessous des 50 %? Qu’avez-vous négocié à ce moment-là en termes de statut pour les 25 000 travailleurs du groupe?
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Alexander De Croo, ministre (en français): bpost est une des entreprises postales les plus solides en Europe grâce à ses travailleurs et à sa direction. Son secteur est en pleine évolution avec une diminution du volume de lettres mais une augmentation de celui des colis.
(En néerlandais) J’ai demandé à la direction d’échafauder une stratégie d’avenir pour permettre à bpost de garder son importance à la fois pour nos concitoyens et pour notre économie.
(En français) En l’absence d’accord conclu, je ne puis vous donner les détails des négociations avec PostNL d’autant que je ne les ai pas menées.
(En néerlandais) Le mandat que j’avais donné à la direction était assorti de trois conditions.
(En français) Les droits acquis par rapport aux relations de travail sont garantis par la loi de 1991.Quiconque tente de semer la confusion fait de la désinformation pure. Le statut du travailleur ne changerait pas si celui de l’entreprise changeait.
(En néerlandais) Le futur projet doit parallèlement garantir l’emploi et doit, enfin, assurer l’ancrage économique de l’entreprise. Il n’a, à aucun moment, été question de brader purement et simplement l’entreprise.
(En français) En 2013, Paul Magnette disait: « Je n’ai pas de blocage idéologique à ce sujet. Je ne me braque pas sur le maintien des 51%. Il est tout à fait possible de vendre une part« . Je suis donc d’accord avec le PS. Et on n’a pas besoin dans ce pays qu’un ancien ministre sabote des projets d’avenir d’un des plus grands employeurs du pays pour une raison politique! (Applaudissements sur les bancs de la majorité)
(En néerlandais) Je souscris aux propos du CEO de bpost, qui a qualifié les déclarations d’irresponsables et de déplacées. Il s’agit de pur sabotage. L’Autorité des services et marchés financiers (FSMA) a ouvert une enquête et décidera ensuite des éventuelles mesures à prendre.
Le fait de ramener l’actionnariat sous la barre des 50% ne constitue pas pour moi un sujet tabou, mais il n’y a pas non plus lieu d’en faire une obsession. Cela nous permet de devenir un acteur important au niveau européen, de fournir de meilleures garanties aux travailleurs et de créer de l’emploi
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Gilles Vanden Burre (Ecolo-Groen): Ce débat est décevant et idéologique: on parle d’entreprises du siècle dernier mais bpost prouve qu’une entreprise d’État peut être performante et moderne. Les clichés n’ont pas de sens, pas plus que le laisser-faire et le tout au marché. Le service public est important et vous n’avez pas répondu sur ce point.
Il faut éviter le fétichisme des chiffres, les jeux politiques et les questions d’ego qui n’intéressent pas les 25000 travailleurs de bpost, inquiets pour le statut public et les obligations qui en découlent (un bureau de poste et un distributeur de billets par commune, passage quotidien du facteur, statut des employés)
Question orale au vice-premier ministre et ministre de la Coopération au développement, de l’Agenda numérique en Séance plénière le 2 juin 2016