Auteur : Jean-Claude Verset

Comment expliquer la présence de Bart De Wever à la réunion des plus hautes autorités policières au lendemain des attentats de Bruxelles? Pourquoi Jan Jambon a-t-il fait endosser la responsabilité de l’attentat de Zaventem par un officier de liaison basé à Istanbul? La N-VA a-t-elle élaboré un scénario basé sur la démission « bidon » des ministres de la Justice et de l’Intérieur pour mieux les confirmer dans leurs fonctions? Autant de questions qui seront au centre de la commission d’enquête sur les attentats qui reprendra ses travaux ce lundi à 14h00. Avec, parmi les députés présents, Gilles Vanden Burre, député fédéral Ecolo.

Le point d’orgue de la séance sera certainement l’audition du ministre de l’Intérieur Jan Jambon sur la présence, avérée, de Bart De Wever, président de la N-VA à cette réunion de crise des autorités policières du pays.

Car pour Gilles Vanden Burre, il s’agit bien d’une faute. Ce n’était pas le rôle d’un président de parti d’être présent à une telle réunion martèle le député écolo:  « se pose la question de la confidentialité des informations échangées. Bart De Wever n’avait pas à connaître les informations qui y étaient échangées « .

De manière anticipative, la N-VA se défend en assurant que seuls des sujets politiques ont été abordés et en aucun cas des sujets confidentiels. Selon les nationalistes flamands, il fallait déterminer si des éléments pouvaient permettre la démission de Jan Jambon. Mais Gilles Vanden Burre n’y croit pas: « C’est nous prendre pour des naïfs que de dire qu’il (Bart De Wever) était dans le bâtiment par hasard. «  Selon le député Ecolo, le moment important de cette journée se situe après la réunion avec les autorités policières: « Vers minuit Jan Jambon, et dans la foulée Koen Geens, donnent leur démission. Et dès le lendemain matin, le Premier ministre Charles Michel nous apprend qu’il les a refusées. C’est ensuite que Jan jambon lynche l’officier de liaison  à Istanbul, Sébastien Joris, en disant que la faute de l’attentat de Zaventem lui en incombe. »

La présence de Bart De Waver lors de la réunion: un secret bien gardé? 

C’est notamment sur la divulgation d’informations confidentielles que porteront les questions de la commission de ce lundi après-midi.  Et aussi sur le fait que toutes les personnes présentes à la réunion ont été entendues lors de séances précédentes de la commissions Attentats, mais qu’aucune d’entre elles n’a évoqué la présence de Bart De Wever. « La preuve d’un malaise, d’une volonté de ne pas en parler « , dénonce Gilles Vanden Burre.

Finalement, qu’est-ce que ça change?

En quoi la présence de Bart De Wever changeait-elle quelque chose à la situation? Pour Gilles Vanden Burre, la question qui se pose désormais est de savoir si un scénario a été organisé par la N-VA, avec l’annonce de la démission des ministres, puis le lynchage public, le 25 mars, de l’officier de liaison à Istanbul. « On sait que sa hiérarchie le soutient. Il a donc dû se passer quelque chose » estime le député écolo pour qui ce scénario a été monté de toute pièces par la N-VA. Il y voit aussi la preuve que le vrai dirigeant du pays, c’est Bart de Wever. « Celui qui déteste tant la Belgique joue au shérif. Il est le patron dans une apathie généralisée du gouvernement et de Charles Michel en Particulier. « 

C’est dans cette ambiance électrique qu’Ecolo demande que Charles Michel, mais aussi Bart De Wever viennent s’expliquer en commission d’enquête. Même, ironise Gilles Vanden Burre si Bart De Wever n’est jamais présent à la Chambre.  » Il n’est plus tolérable qu’il tire toutes les ficelles de l’Etat Belgique qu’il déteste tant pour son propre agenda.  »  Pour le député vert, c’est clairement le moment de cette réunion qui fait la gravité de la situation.

Mensonge ou erreur

S’il est encore impossible de déterminer si Jan Jambon a menti le 25 mars en accusant l’officier de liaison d’être le responsable des attentats (en ne communiquant pas des informations de la Turquie sur l’arrestation de l’un des futurs kamikazes de Zaventem ), le ministre de l’Intérieur aurait en tout cas commis une erreur. «  Il y a eu des dysfonctionnements, de structure et de flux d’informations, mais dire que c’est un homme qui est responsable, est inacceptable de la part de Jan Jambon « . Il en veut pour preuve qu’à ce jour, Sébastien Joris est toujours en fonction à Istanbul où il a été confirmé par sa hiérarchie.

Mais la question clé de ce jour tournera autour de la responsabilité politique. Jan Jambon a-t-il commis un geste empêchant d’arrêter l’un des Kamikazes? Ce qui impliquerait une éventuelle démission du ministre de l’Intérieur. « En sortant de la commission, nous devrons avoir eu toute les réponses. «