L’idée séduit depuis Charles de Gaulle, principalement pour deux raisons : favoriser l’engagement et la motivation des travailleurs envers l’entreprise mais aussi consolider un ancrage local ou national, cet actionnariat pouvant servir de protection contre un rachat par un groupe étranger.

Depuis 30 ans, diverses lois et dispositifs se chevauchent en Belgique pour organiser cette forme de capitalisme. La loi fixant le cadre général de cette participation financière des travailleurs date du 22 mai 2001, il y a pile 16 ans. Depuis … rien.

« Tous ces dispositifs fonctionnent pour les grandes entreprises mais par pour les PME. Ma volonté, comme ministre des PME et des Indépendants, est d’y développer l’actionnariat salarié. Outre la fidélisation et la motivation des travailleurs, il peut également apporter des solutions aux questions de financement des PME ou au problème de la transmission des PME», répondait Willy Borsus (MR) à une question parlementaire du député Ecolo Gilles Vandenburre le 19 avril dernier.

Une approche participative

Associé à Groen, Ecolo vient de déposer une note à la Chambre pour (re)dynamiser l’actionnariat salarié dans les PME. Ce n’est pas la première fois que des parlementaires, de différents partis, s’intéressent – en vain – au sujet. « Culturellement, l’actionnariat salarié est encore trop perçu comme un outil de rémunération des cadres. Nous y voyons surtout un moyen de renforcer la participation des travailleurs et l’ancrage local, vu les menaces de délocalisation. Simplifié au maximum, le mécanisme doit rester facultatif, et surtout, donner lieu à une représentation collective. Les travailleurs doivent pouvoir influencer les grandes orientations stratégiques », explique Gilles Vandenburre.

Le député sait que beaucoup de patrons de PME sont naturellement frileux à ouvrir leur capital, « mais il y a aussi des centaines de PME qui croient en une approche plus participative. » L’UCM n’est pas du tout du même avis. Dans une opinion publiée en ligne ce 12 mai, l’Union des classes moyennes juge, en gros, qu’un tel mécanisme sera toujours trop complexe pour une PME et risque de créer des tensions entre travailleurs. « Nous estimons que les responsables politiques ne doivent pas y consacrer des énergies (notamment budgétaires) », écrit l’UCM, qui voit juste une exception éventuelle pour les cas de rachats d’entreprises par des cadres ou salariés (management buy out).

Le ministre Borsus a commandé une étude au SPF Economie sur le sujet, d’ici l’automne, « afin d’objectiver la problématique et de mettre en place des solutions concrètes et efficaces. » Affaire à suivre.