Benoît Matthieu, site de l’Écho, 13 octobre 2017

Pour Ecolo et Groen, ça suffit. Il ne faut plus punir qui quitte son emploi. Les Verts proposent qu’un salarié qui démissionne ait les mêmes droits au chômage que celui qui est licencié. Et n’oublient pas non plus les indépendants.

« C’est une vision de société, entame Gilles Vanden Burre, député fédéral Ecolo. Chacun, peu importe son âge ou son statut, a droit à une seconde chance. À l’inverse de la philosophie actuelle, qui est très punitive. Et dépassée, puisqu’elle consiste à maintenir des gens dans une case, même s’ils ne s’y sentent pas bien. Nous pensons qu’il faut inverser la tendance. Et que la Sécu devrait pouvoir soutenir les gens qui se réorientent.« 

« Chacun, peu importe son âge ou son statut, a droit à une seconde chance. » Gilles Vanden Burre Député fédéral Ecolo

Seconde chance, vous l’aurez compris, c’est l’appellation qui recouvre les propositions de loi que les verts d’Ecolo et Groen vont déposer sous peu à la Chambre.

Deux textes, en fait. Une même philosophie, mais déclinée pour les salariés et les indépendants.

♦ Salariés: prime trampoline. Un nom finement choisi pour ceux qui désirent rebondir. À l’heure actuelle, « le chômage doit être involontaire pour mener à l’octroi d’allocation« . Autrement dit, il faut perdre son emploi, et non le quitter, pour être indemnisé. Et ceux qui démissionnent se voient « punis », par un avertissement ou une exclusion temporaire des allocations de minimum 4 semaines.

Ce « trampoline » ne pourrait servir qu’à 3 reprises au cours d’une carrière. « Soutenable et suffisant pour faire face aux aléas de la vie. » Gilles Vanden Burre

Via leur prime trampoline, Ecolo et Groen souhaitent offrir les mêmes droits – et mêmes devoirs – à ceux qui se font licencier qu’à ceux qui démissionnent. Avec certaines limites, cependant. Ce « trampoline » ne pourrait servir qu’à 3 reprises au cours d’une carrière. « Soutenable et suffisant pour faire face aux aléas de la vie. »

L’objectif est double. Soutenir l’entreprenariat. « Parce que le système actuel constitue un facteur de blocage. De nombreux salariés n’osent pas quitter leur entreprise pour réaliser un projet personnel. Ils ne sont pas prêts à courir le risque de se retrouver sans revenus. »

« Nous vivons dans une société qui pousse les gens à bout. » Gilles Vanden Burre

Et lutter contre le burn-out. « Nous vivons dans une société qui pousse les gens à bout. » Si une personne se sent mal dans un emploi, autant qu’elle puisse le quitter sans être pénalisée, raisonnent les écologistes. Qui ont pour eux les statistiques de l’ONSS, montrant que le nombre de malades de longue durée a explosé (+ 67,6%) en dix ans, de 2006 à 2016. Et que le coût des incapacités de travail a dépassé celui des allocations de chômage.

♦ Indépendants: extension du droit passerelle. Cette seconde proposition se situe dans la droite ligne de la première, mais en version « indépendants ». Depuis 2016, les indépendants bénéficient du « droit passerelle », leur permettant de conserver, quatre trimestres durant, leurs droits à l’assurance soins de santé et aux allocations familiales tout en bénéficiant d’une indemnité mensuelle comprise entre 1.169 euros et 1.460 euros. Et ce sans devoir payer de cotisations sociales. Le tout, sous conditions évidemment, et suite à une faillite, un règlement collectif de dettes ou une interruption forcée.

En janvier 2017 est venu s’ajouter un motif supplémentaire: la cessation pour raisons économiques. C’est là qu’ Ecolo veut frapper.

En janvier 2017 est venu s’ajouter un motif supplémentaire: la cessation pour raisons économiques. C’est là qu’Ecolo veut frapper. En rayant ce fameux critère de difficultés économiques. Histoire de le remplacer par plus large: la cessation volontaire des activités. Le tout, à condition d’avoir cotisé durant 8 trimestres sur la période de 16 trimestres précédant la cessation.

♦ Quel est l’accueil du gouvernement Michel? Mitigé, à tout le moins. Car Kris Peeters (CD&V, Emploi) a l’intention de faire passer de 4 à 13 semaines la durée minimum durant laquelle un salarié démissionnaire devra se passer d’allocations. La philosophie? Le plus de monde au travail et le plus longtemps possible. Et chez Denis Ducarme (MR, Indépendants), ce débat n’est pas à l’ordre du jour. Pour des raisons similaires.